Les Saintes, sanctuaire caribéen

Au sud de Basse-Terre, cet écrin forme un archipel au charme foudroyant. Bercé par la pêche et son rythme immuable, les maisons colorées, anses protégées et mornes verts affichent l'image éternelle de « Caraïbes heureuses ». Peuplée de descendants français, sa population cultive sa différence. Alors, rien ne sert d'attendre, il faut (y) courir à point !

Les Saintes ne sont pas la Guadeloupe… ou du moins une autre Guadeloupe. Posées à 1 h de bateau de Pointe-à-Pitre (à 20 mn de Trois-Rivières, sur Basse-Terre), Terre-de-Haut et Terre-de-Bas forment un monde à part. Un archipel de neuf îles où il pleut rarement, avec sept cailloux rocheux habités et cette incroyable langueur tropicale décuplée par son statut « d'îles dans l'île »…

Bref, pas étonnant que l'excursion à la journée depuis les hôtels de Sainte-Anne ou de Saint-François, sur Grande-Terre, soit un grand classique d'un séjour à la Guadeloupe. On vous conseille de l'effectuer sans délai, même si le doit est de pouvoir séjourner au moins une nuit à Terre-de-Haut, histoire d'apprécier la quiétude retrouvée lorsque les derniers bateaux font demi-tour vers 16h.

La magie de « Tèdého » vous entoure alors. Vous y apprendrez que si les habitants ont la peau claire, c'est que le métissage ne s'est pas imposé sur une île qui n'a pas reçu d'esclaves ou si peu, le climat sec comprend l'essor de la culture. de la canne à sucre. Des noms sonnent encore bien français et même « ouest de la France », vous les verrez en approchant des boîtes aux lettres…

Que faire, sinon, à Terre-de-Haut ? Si vous y allez en solo, vous pouvez louer un scooter (attention, circulation dense en journée !) et visiter, par exemple, le fort Napoléon. En vous rappelant que Christophe Colomb a découvert l'archipel en 1493, vous n'oublierez pas non plus que Napoléon y fit bâtir ce fort, au milieu du 19ᵉ s., pour protéger l'archipel d'attaques. Il ne sert jamais comme tel, plutôt de pénitencier. Aujourd'hui, au-delà d'un petit musée, c'est surtout la vue depuis ce point haut (120 m) qui est formidable.

Pour les passionnés d'activité nature, aucune inquiétude : l'île regorge de sites. Côté plage, Pompierre est la plus belle, grande crique ombragée de palmiers avec tables de pique-nique. À voir aussi, les anses Crawen, du Figuier et surtout du Pain de Sucre, à fréquenter si possible tôt le matin, lorsqu'il ya moins de monde. Quant aux balades, on conseillera la randonnée pédestre du Chameau, un grand classique qui emmène jusqu'au point culminant de l'île (309 m). À réaliser le matin tôt ou juste avant l'heure vespérale. Autre option : le voilier, pour faire le tour de l'archipel.

Et Terre-de-Bas, alors ? Autant Terre-de-Haut irradie, autant cette île joue les discrètes. C'est son avantage. On le considérera idéal si on aime l'intimité et faire une pause dans l'effervescence du monde... Avec 1 300 habitants (contre 1 700 à Terre-de-Haut), Terre-de-Bas est à l'écart du tumulte touristique, ultime étape du bateau après l'escale à Terre-de-Haut.

Sauf à être en excursion exclusivement maritime autour de l'archipel (l'occasion de voir de près quelques-uns des 7 îlots habités), il n'est pas envisageable de visiter correctement les deux îles dans la même journée depuis Grande-Terre. Mais si vous choisissez Terre-de-Bas, quelle expérience ! Ici, passé le débarcadère de l'Anse des Mûriers, peu de voitures, quelques minibus de transport… et surtout de la marche à pied (5 km d'est en ouest, du port de débarquement au village de Petites-Anses). À moins que vous ayez réussi à embarquer un vélo ou un scooter loué à Terre-de-Haut.

Les autres spots ont chacun leur « morphotype » : la pointe du Gouvernail (Terre-de-Bas), ses tortues et ses barracudas (plongée facile) ; la pointe Cabrit (îlot Cabrit, au nord de Terre-de-Haut) et sa concentration de poissons colorés ; l’Aquarium (au sud de Terre-de-Haut) et ses canyons peuplés (plongeurs confirmés)… Bref, voilà un archipel en parfaite odeur de sainteté…